Un projet  «double-face» :

La transformation de cette pénétrante automobile en un boulevard de ville, qui constitue l’intention première du projet de la ZAC , exige cette hauteur d’immeubles de 18m de part et d’autre de la voie.
Mais ce qui est une qualité du point de vue du Boulevard , est une contrainte du point de vue «arrière» : les riverains qui occupent les lotissements de maisons avoisinantes, voient surtout la  disparition d’une zone  de protection végétalisée . La densité et la hauteur est justifiée d’un côté mais contraignante de l’autre.
Le projet contient intrinsèquement cette dualité  qui donne sa logique aux dispositions. L’orientation confirme ce contraste : Nord sur le Boulevard, Sud sur le jardin.
Le projet est donc d’abord une bordure , une frontalité sur le Boulevard : neutre, «tiré au cordeau», «abstraite», toute «domesticité» contenue . Il ne pouvait y avoir de concession , donc aucun logement  avec terrasse, loggia ou balcon sur cette façade.
Derrière , au sud, tout le contraire : toutes les terrasses, loggias ouvertes sur le jardin riche de la présence végétale existante .
Le choix des matériaux découle de ces 2 ambiances contrastées : minéralité côté Ville, bois côté jardin.

La transversalité qui crée du lien :
La parcelle a une profondeur qui soulève  la question de l’îlot , sa bordure sur toutes ses limites , sa cohérence, sa continuité ...
Bordant la rue Pablo Néruda à l’est, et en contact avec  des promenades piétonnes publiques dans des «espaces verts» au sud et à l’ouest , la réponse à cette question , nous l’avons trouvée dans l’intention de transversalité contenue dans le projet urbain.
En effet , la volumétrie des immeubles appuie cette recherche de lien entre boulevard et quartiers qu’il irrigue. C’est par cette transversalité des rues, des cheminements ou des vues cadrées qu’il prend son identité urbaine et quitte l’aspect d’axe pénétrant ininterrompu .
Les volumes bordant les  côtés est et ouest sont tous les deux dans cette logique transversale, le volume bordant, à l’ouest, la faille intermédiaire , parce que les arbres le permettent , l’est aussi.
Deux «failles» complémentaires permettant l’éclairement satisfaisant des logements, renforcent ces ouvertures et liens en rythmant les séquences.Dans ces entre-deux qui laissent voir parfois le bois , on devine le jardin et l’ambiance contrastée et tranquille ... comme une invitation à entrer.
Le Boulevard s’enrichit de cette présence végétale forte . Et les quartiers ne sont plus «rejetés» à l’arrière, comme cachés ...